Bangui : déclaration du RDC relative à la mise en place du comité stratégique d'appui au processus électoral

N°003/RDC/BP/P.19

Par arrêté du premier Ministre Firmin Ngrebada en date du 18 novembre 2019, un comité stratégique de suivi des élections vient d’être mis en place.

Le Bureau Politique du Rassemblement Démocratique Centrafricain attendait du gouvernement des explications sur les raisons du retrait du projet de loi portant organisation et fonctionnement de l’A.N.E et, de cette dernière, le mécanisme par lequel elle pourra rattraper les six mois de retard du chronogramme sans violation de la loi.

C’est avec effarement qu’il constate que les mêmes méthodes qui ont par le passé conduit à la contestation des résultats des élections générales dans notre pays et finalement à l’impasse politique, n’ont pas servi de leçon à nos gouvernements et exposent à nouveau les prochaines échéances électorales à une crise certaine, comme si celles en cours ne suffisent pas.

En effet, si pour les élections de 2015/2016, un comité stratégique de Suivi des élections a pu servir de cadre de mobilisation des partenaires de la RCA autour des difficultés de financement et d’organisation de celles-ci, le contexte actuel ne se prête nullement au même exercice et exige la participation de tous les acteurs du processus électoral.

Ni la cheffe d’Etat de Transition, ni le premier ministre de transition n’étaient autorisés aux termes de la Charte constitutionnelle de Transition à être candidats à ces élections. Ce qui leur assurait une certaine neutralité et une impartialité sur la question. Aussi, tandis que le Président Touadera s’apprête à solliciter le suffrage de nos compatriotes, le premier ministre Ngrebada ne présente aux yeux du Rassemblement Démocratique Centrafricain aucune garantie de neutralité pour interférer dans l’organisation de ces échéances. En somme, les deux personnalités se retrouvent juges et parties.

L’indépendance de la structure chargée d’organiser ces élections se trouve gravement mise en danger par le rôle que cet Arrêté assigne à la Présidente de l’Autorité Nationale des Elections - A.N.E - qui se retrouve réduite au rang de Rapporteur du Comité. S’il n’y a pas chevauchement fonctionnel, il y a visiblement doublage administratif intempestif, qui ne vise rien d’autre, dans le contexte actuel de notre pays, qu’à mettre en place un cadre ou support institutionnel de fraude massive organisée, pendant les prochaines échéances électorales. Qui plus est, la présidence de la République en est membre alors même que le Président en exercice est candidat, comme relevé ci -haut.

La seule mission du comité stratégique d’appui au processus électoral, tel que décrite dans l’article 2 de l’Arrêté du 18 novembre 2019, ne justifie pas ladite création, mais plutôt rend la structure redondante par rapport à l’A.N.E, laquelle peut techniquement se charger d’une telle mission, à moindre coût. Ce qui serait plus réfléchi dans un contexte budgétaire difficile.

L’absence des partis politiques de l’opposition dans cette instance est significative de l’exclusion dans laquelle excelle le régime du président Touadera  et de la caporalisation de l’organe constitutionnel chargé de gérer les élections, à savoir l’A.N.E.

Outre ces préoccupations quant à l’indépendance de l’A.N.E, le Rassemblement Démocratique Centrafricain constate que le gouvernement de notre pays n’a pris aucune mesure sérieuse pour assurer le financement de ces élections qui sont pourtant programmées par la Constitution de notre pays depuis 2016.

C’est ainsi qu’à la veille de ces élections, seulement 1 milliard 200 millions de Fcfa est disponible au titre de la contribution de l’Etat centrafricain sur un budget de 25 milliards de Fcfa. Cela confirme la difficulté budgétaire, dont il est fait mention précédemment, et le caractère intempestif et irréfléchi de la création de cet organe.

A partir de ce montant dérisoire, le RDC s’interroge sur la capacité du gouvernement à assurer sa part d’efforts à l’édification d’un Etat souverain et au rayonnement du pouvoir de cet État sur l’ensemble du territoire national, quand des questions qui touchent à son destin telles que la désignation des Elus de la Nation ne parviennent pas à mobiliser les ressources internes nécessaires à hauteur due.

Le Bureau Politique du Rassemblement Démocratique Centrafricain tient à rappeler qu’il existe un Cadre de Concertation dont l’organisation et le fonctionnement doivent être revus et renforcés afin de lui permettre d’assurer le suivi régulier du processus électoral et de veiller à la bonne exécution du chronogramme.

En considération de tout ce qui précède, le Rassemblement Démocratique Centrafricain appelle tous les partis politiques à une concertation dans les plus brefs délais afin d’aviser.

Bangui le 22 novembre 2019
Pour le Bureau Politique - Le Président  -
Désiré Nzanga Bilal KolingbaKolingba 1                                                                                                                         Désiré Kolingba@sniRdc 4Rdc 5