Bangui : discours du chef de l'Etat à l'occasion du plan VIH

Distingués invités

Mesdames et Messieurs,

En présidant personnellement la cérémonie de lancement officiel du Plan d’Accélération de la Prévention du VIH pour la période 2019-2020, je voudrais dire à quel point la question de prévention du VIH, l’une des causes du taux élevé de mortalité en République Centrafricaine, me préoccupe ainsi que mon Gouvernement.

Je voudrais rappeler que le VIH est de type généralisé dans notre pays. Avec une prévalence nationale de 4% chez les sujets âgés de 15 à 49 ans en 2017 dont 4,7% chez les femmes et 3,3% chez les hommes. Cette prévalence est repartie de manière inégale sur le territoire national avec par exemple 1% dans l’Ouham au Nord-Ouest et 11,9% dans le Haut- Mbomou au Sud-Est. Il en est de même chez les populations clés où elle est de 9,1% chez les professionnels du sexe et 28,6% chez les hommes ayant des rapports avec les hommes -HSH-.

C’est dans ce contexte que dès mon accession à la magistrature suprême de l’État, j’ai instruis le gouvernement de doter le pays d’un Plan Stratégique National de lutte contre le Sida et de plusieurs documents pour l’opérationnalisation de celui-ci comme le Plan de rattrapage pour l’accélération de l’accès des personnes Vivant avec le VIH aux antirétroviraux, le plan ville VIH et le plan d’accélération de la prise du VIH chez l’enfant et l’adolescent.

Ces importants documents ont été élaborés afin d’intensifier la réponse nationale contre l’infection à VIH/Sida et répondre aux engagements du pays sur les 3X90 soit 90 - 90 - 90 tout en s’inscrivant dans la dynamique d’un monde sans SIDA d’ici 2030, prônée par l’ONUSIDA.

Le Plan d’accélération de la prévention du VIH pour la période 2019-2020, devrais-je le rappeler, a pour objectif de corriger la trajectoire des performances de la prévention et replacer le pays sur la voie de l’élimination du VIH d’ici 2030. Il vise donc à réduire :

  • la transmission du VIH au sein des groupes les plus vulnérables,
  • les vulnérabilités des jeunes garçons, des jeunes filles/femmes,
  • les risques de transmission au niveau des populations clés,
  • la transmission du VIH de la mère à l’enfant,
  • les risques de transmission par le biais des personnes dépistées positives.

 

Nous avons compris que pour atteinte cet objectif, il nous faudra agir sur les pesanteurs socio-culturelles et religieuses qui freinent la réponse nationale contre le VIH/Sida, sur les pratiques structurelles et biomédicales.

Mesdames et Messieurs,

En dépit des efforts consentis par le gouvernement avec l’appui sans relâche de nos partenaires, force est malheureusement de constater que le nombre de nouvelles infections ne cessent d’augmenter dans le pays avec environ 6 000 à 9 000 nouveaux cas chaque année.

C’est dans cette optique que le gouvernement a, en août 2018, instruit le CNLS en collaboration avec nos partenaires au développement à élaborer un Plan de Prévention du VIH comme instrument de mise en œuvre du Plan Stratégique National pour atteindre zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès liés au VIH d’ici 2030, mais aussi comme outils de plaidoyer de mobilisation des ressources nécessaires devant contribuer à atteindre ces objectifs.

Ce plan vient s’ajouter au Mémorandum d’entente signé entre le Ministère de la Défense, le CNLS et l’ONUSIDA en octobre 2018 pour la lutte contre le VIH et les Violences basées sur le genre au sein des Forces de Défense et de Sécurité et au partenariat Zéro discrimination lancé en mars 2019.

Mesdames et Messieurs,

Je me réjouis que le Gouvernement et ses partenaires techniques et financiers aient immédiatement élaboré un plan de travail dont les différentes étapes viennent de nous être livrées par le Ministre Coordonnateur National du CNLS et qui ont permis maintenant de doter le pays de cet important outil de plaidoyer et de mobilisation de ressource.

Je profite de cette occasion pour féliciter la coordination nationale du comité national de Lutte contre le Sida et le ministère de la santé, qui ont assuré le leadership de l’élaboration de ce document qui est maintenant disponible et servira de guide de référence pour nos actions futures dans le domaine de la prévention du VIH.

C’est ici le lieu d’exprimer toute la gratitude du peuple centrafricain aux partenaires du système des Nations Unies sous le leadership de l’ONUSIDA et la Croix-Rouge Française qui ont soutenu sans relâche ce processus d’élaboration du Plan de prévention du VIH dont le coût global est évalué à 9 876 457 de dollars soit 5 784 402 957 Fcfa

Pour la mise en œuvre de ce plan, le plaidoyer fait durant le processus d’élaboration du document a permis de mobiliser auprès des partenaires environ 20% des ressources. Nous avons par conséquent l’obligation de mobiliser le gap financier qui s’élève à environ 8 150 000 de dollars soit 4 800 000 000 Fcfa afin de garantir la mise en œuvre efficace de ce Plan conformément aux objectifs fixés et aux résultats attendus.

Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

Malgré les contraintes qui s’imposent à nous et qui sont essentiellement d’ordre financier, en plus des investissements internationaux, j’avais instruit le gouvernement d’inscrire dans le budget 2019 une ligne devant permettre l’achat des médicaments antirétroviraux pour le traitement-prévention pour la prise en charge de 500 patients d’un montant global de 500 millions de Fcfa chaque année. Par conséquent, j’instruis le ministre des finances et du budget, le ministre de la santé et de la population et le ministre coordonnateur du CNLS à accélérer la procédure en cours au niveau du ministère des finances et du budget pour un décaissement effectif et rapide.

Parallèlement, et dans le cadre des interventions comportementales visant à réduire la vulnérabilité des jeunes garçons, des jeunes filles/femmes et la transmission du VIH de la mère à l’enfant prévues dans ce plan, le gouvernement devra se montrer audacieux pour mobiliser au minimum 415 millions de Fcfa au titre de l’exercice budgétaire 2020.

Par la même occasion, je demande au gouvernement de mobiliser les ressources nécessaires tant de l’État que des partenaires pour assurer une mise en œuvre efficace de ce plan d’accélération de la prévention du VIH dans notre pays.

J’instruis également le ministre de l’économie, du plan et de la coopération à soutenir à travers le RCPCA, la coordination nationale du CNLS dans la mobilisation des ressources additionnelles sollicitées pour garantir le succès de ce plan. Le premier ministre, chef du gouvernement, premier vice-président du CNLS me rendra compte régulièrement de l’évolution de la mise en œuvre de ce plan de prévention mais aussi des autres plans que j’ai énumérés précédemment.

Mesdames et Messieurs,

Vous êtes tous témoins, que depuis le 30 mars 2016, je n’ai ménagé aucun effort pour mettre en œuvre ma vision, qui est celle de bâtir un Centrafrique nouveau, fort, uni, prospère, privilégiant le dialogue, la justice et l’esprit de réconciliation nationale, et ceux avec l’appui de toutes les couches sociales.

C’est pourquoi je suis particulièrement heureux de constater que la jeunesse centrafricaine s’est appropriée cette vision à la lumière des débats très fructueux et constructifs que je viens d’avoir avec les représentants des organisations des jeunes invités à cette réunion de haut niveau et qui sont déjà engagés aux côtés du Gouvernement pour barrer la route au VIH et au Sida.

Je vous charge de transmettre à vos pairs mes encouragements en leur disant que tout le Gouvernement se joindra à eux pour que cette lutte contre le VIH et le Sida soit couronnée de succès dans un proche avenir et conformément aux engagements que j’ai pris à New York pour que le pays puisse contribuer à mettre fin au Sida d’ici 2030. J’engage la jeunesse centrafricaine dans la lutte contre le VIH, comme j’engage le gouvernement et l’ensemble du peuple centrafricain à se mobiliser pour bouter le SIDA hors de notre pays à l’horizon 2030.

C’est aussi ici le lieu de rassurer toute la jeunesse centrafricaine que la mise en œuvre harmonieuse et dans la dignité de l’Accord Politique pour la paix en Centrafrique permettra une sécurisation des localités de nos provinces sans laquelle il sera difficile de mettre en œuvre dans la quiétude ce plan de prévention dans les 16 Préfectures de la RCA.

Mesdames et Messieurs,
Distingués invités,

Je voudrais saisir cette occasion pour remercier tous les partenaires qui ont contribué à l’élaboration de ce plan de prévention. En terminant mon propos, je voudrais remercier tous les partenaires qui ont répondu à l’invitation du gouvernement sans oublier nos jeunes qui viennent de nous montrer leur leadership dans la gestion des problèmes qui gangrènent notre pays, en général et de ceux liés à la lutte contre le Sida en particulier. En souhaitant bon courage à tous les acteurs de la riposte nationale au VIH, je déclare lancé le Plan d’accélération de la prévention du VIH en République centrafricaine pour la période 2019-2020.

Je vous remercie.

Le 7 juin 2019