Les périodes électorales en RCA ont toujours été dangereuses, et ont souvent provoqué un embrasement du pays. Nos points de discussion ont porté sur plusieurs questions concernant l’agenda électoral en République centrafricaine et l’inquiétude générale suscitée par les différentes irrégularités qui pourraient nous précipiter dans une autre tragédie sanglante. Ce sont :
• La question de la légalité, de la légitimité et de l’indépendance de l’ANE ,
• Les nombreuses incohérences quant au choix de l’équipe des nouveaux Commissaires Électoraux,
• La question de l’enrôlement des électeurs : de nombreuses anomalies dans l’inscription des Centrafricains sur les listes électorales…Le problème des réfugiés, déplacés et de la diaspora,
• La question de l’inclusivité dans le scrutin. Tentative d’empêcher la candidature de certains leaders politique. Exclusion d’un grand nombre d’électeurs,
• La modification unilatérale du code électoral à l’approche des élections, en violation des instruments juridiques internationaux, alors qu’aucune réforme ne devrait intervenir dans les six mois précédant les élections,
• L'usage des moyens de l'Etat au service d’un candidat et de ses affidés,
• Les délais constitutionnels et légaux qui ne peuvent pas être respectés, posant un sérieux risque pour la paix,
• La question de la date du premier tour qui ne convient pas pour toutes les raisons que nous venons d’énumérer. Notons qu’il s’agit en sus de la période des fêtes religieuses et des festivités du Nouvel an.
Tous ces points rejoignent les préoccupations d’une majorité de la population centrafricaine, de l’opposition, de la société civile, des différentes organisations de femmes, du Caucus des Femmes Leaders pour la Parité en RCA dont je suis la Présidente d’Honneur, des nombreuses organisations de la jeunesse…Ces innombrables irrégularités rendront impossible le respect de tous les délais.
• La sécurisation du processus électoral sur tout le territoire,
• L’annulation et la reprise de la procédure de sélection des nouveaux Commissaires Électoraux,
• La représentativité des partis politiques d’opposition et de la société civile dans les démembrements de l’ANE,
• L’inclusion des réfugiés et déplacés, des habitants de toutes les provinces et de toute la diaspora centrafricaine,
• L’ouverture d’un dialogue soutenu et transparent entre le pouvoir et les forces politiques et sociales -partis-,
• L’interaction accrue et une écoute plus soutenue entre les différentes organisations internationales présentes et les acteurs politiques,
• La tenue d’un audit du fichier électoral,
• La tenue d’une concertation apaisée entre les acteurs du processus, ce qui est devenu une nécessité absolue ,
• Le report du scrutin afin de pouvoir mettre en place un processus électoral libre, apaisé, transparent et crédible.
Pour éviter que notre pays ne renoue avec des mises en causes sanglantes et ne bascule définitivement dans le gouffre, nous devons éviter les mêmes errements que dans le passé. Il s’agit tout d’abord de la sécurité nationale, mais c’est également une menace pour la sécurité et la paix dans la sous-région Afrique centrale. Le report de la date du 27 décembre 2020 pour le premier tour des élections en RCA est devenu impératif pour la stabilité et la cohésion du pays, ainsi que la crédibilité de ces élections.
Le 20 octobre 2020