Patrice-Edouard Ngaissona a été élu vendredi 2 février 2018 au comité exécutif de la confédération africaine de football -CAF- après un vote lors de l'assemblée générale qui s'est tenue à Casablanca au Maroc.
Ancien député et devenu ministre des sports en 2013 sous le régime de François Bozizé, apprécié de la jeunesse centrafricaine, Patrice-Edouard Ngaissona président de la fédération du football du Centrafrique depuis 2008 a déclaré "le Maroc est une terre bénie pour moi ce jour".
Sa candidature au comité exécutif a rassemblé 30 voix, contre 23 pour Pierre-Alain Mounguengui du Gabon son concurrent et un vote a été déclaré nul. Un seul siège réservé pour l'ensemble de l'Afrique centrale regroupant : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RD Congo, Sao Tomé & Principe, Tchad.
Patrice-Edouard Ngaissona souhaitait se porter candidat à l'élection présidentielle de 2015 mais en raison de nombreux soupçons à son encontre durant le période 2013/2014 au plus fort de la crise, sa candidature n'avait pas pu être retenue.
Patrice-Edouard Ngaissona ne "veut pas faire le mélange du sport et de la politique". Il a souligné que si les accusations étaient vraies, il ne serait pas présent à Casablanca ce 2 février 2018".
Les ONG de défense de droits de l'homme, s'insurgent contre ce vote. Lewis Mudge de Human Rights Watch -HRW-, déclare "que l'impunité est toujours à l'ordre du jour en Centrafrique malgré les efforts faits avec les sessions criminelles et la future mise en place de la cour pénale spéciale."
Pour sa part Samira Daoud, d'Amnesty International, a la même position et déclare "mettre en garde les autorités centrafricaines qui ne peuvent pas d'un côté promouvoir la justice et de l'autre protéger des personnes dont il est avéré qu'elles étaient à la tête de groupes responsables de crimes très graves contre les civils. Et de rappeler qu'un mandat d'arrêt avait été émis en 2014 pour crimes contre l'humanité et incitation au génocide à l'encontre du nouveau membre du comité exécutif de la CAF.
Patrice-Edouard Ngaissona@pfa
De son côté Antonin Rabecq représentant la fédération internationale des droits de l'homme - FIDH- martèle "vus les crimes dont les anti-balaka se sont rendus coupables, la place de leur ancien coordinateur est probablement moins dans une réunion de la CAF ou la tribune d’honneur d’un stade de football que dans un tribunal".
Dans différents rapport de l'ONU son nom est souvent cité, tout comme dans des notes d'enquête de la justice centrafricaine. Il est présenté comme "le chef des milices anti-balaka ayant semé la terreur en Centrafrique".
Suite à la chute du président François Bozizé et l'arrivée de Michel Djotodia - séléka- le dimanche 24 mars 2013, Patrice-Edouard Ngaissona a été immédiatement le principal coordinateur des anti-balaka, milices fondées en 2013.
A Bangui des voix s'élèvent pour crier au scandale "Ngaissona a commis des crimes, comment son casier judiciaire peut aujourd’hui être vide pour aller se présenter aux élections et à des postes internationaux". Il a connu la prison en 2000.
Patrice-Edouard Ngaissona avait été dans la ligne de mire de la justice centrafricaine en 2014 ou une gigantesque opération militaire de l’armée française à Boy-Rabe, secteur nord de Bangui, visait à l’appréhender, sans aucun résultat. Plusieurs semaines après Patrice-Edouard Ngaissona déclarait aux médias de RDCongo " Je n’ai pas été arrêté" Véritable pied de nez. Maitre Nzapani membre du collectif des avocats contre l'impunité en Centrafrique souligne "que cette élection est douloureuse, par rapport au climat lié à l'impunité en Centrafrique".
Nul doute qu'une majorité de la jeunesse centrafricaine doit être satisfaite de l'élection de Patrice-Edouard Ngaissona qui a toujours su avoir une oreille attentive.
Sinon la candidature de Bachir Ould Zmirli de l'Algérie a été rejetée compte-tenu que le dossier a été déposé "hors délai".
Candidats uniques sur les 3 autres postes vacants au comité exécutif de la CAF, ont été élus :
Libye : Jamal El Jaafri,
Sénégal : Augustin Senghor,
Burkina-Faso : Sita Sangaré.
Le 2 février 2018