A l'occasion de l'ouveture de la session extraordinaire de la CEMAC des 30 et 31 octobre 2017 à N'Djamena, capitale du Tchad
Idriss Déby-Itno@prt
Messieurs les Chefs d’Etat et très Chers Frères,
Messieurs les Chefs de Délégations,
Monsieur le Président de la Commission de la CEMAC,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs les Présidents des Grandes Institutions de la République,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations internationales,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs.
Je voudrais, tout d’abord, souhaiter à tous les hôtes, une chaleureuse et fraternelle bienvenue et un agréable séjour au Tchad. Je voudrais également vous remercier très sincèrement d’avoir accepté notre invitation à la présente rencontre de concertation. Vous témoignez, par votre présence à N’Djamena, un réel attachement à notre sous-région et un souci constant de relever les nombreux défis qui interpellent la CEMAC.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Ce sommet extraordinaire de N’Djamena intervient 8 mois après la rencontre de Djibloho en terre équato-guinéenne. Il est, assurément, plein d’enjeux pour notre organisation commune. Le diagnostic et l’évaluation que nous avons faits lors de cette dernière concertation nous ont montré l’ampleur des défis qui nous attendent. Nos peuples croient fortement à l’idéal communautaire, tant ils ont un destin lié. Ils attendent légitimement des actes forts qui renforcent cette conviction.
Oui, des actes forts, audacieux et pragmatiques sont absolument nécessaires pour marquer non seulement les esprits mais démontrer de manière concrète que l’intégration sous régionale qui est la matrice de la CEMAC est une réalité. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement quand l’on sait que les notions de frontière et de barrière géographiques ont cessé, depuis fort longtemps, de résonner dans l’esprit des populations de nos 6 pays. Il échoit aux décideurs politiques de renforcer la politique d’intégration afin d’accompagner plus efficacement cette dynamique qui a pris forme dans la psychologie collective et qui s’est renforcée avec l’accélération de la mondialisation.
Je voudrais, à cet égard, me féliciter des récentes avancées sur le front de la libre circulation des personnes qui ont été permises par tous les gouvernements de nos États membres. Ces derniers ont reconfirmé leur adhésion à cette exigence de base à toute ambition communautaire en précisant aux services nationaux chargés du contrôle des frontières les modalités de l’exercice de cette liberté de circulation.
Il nous revient maintenant de faire œuvre de pédagogie et surtout de franchir rapidement l’étape de la mise en place des passeports biométriques CEMAC et celle de l’identification des postes de contrôle aux normes d’INTERPOL. Je nous y encourage vivement. Et ce, d’autant plus que l’autre pilier de la libre circulation, à savoir le Tarif Extérieur Commun, a été quelque peu fragilisé par le processus de négociations des Accords de Partenariat Économique (APE) avec l’Union européenne.
D’ailleurs, au cours de l’une de ses prochaines sessions, la Conférence des Chefs d’Etat sera tenue de revenir très rapidement sur cet important dossier afin d’approfondir la Politique Economique Commune de la Communauté et de définir la meilleure stratégie pour la consolidation de la place de notre région dans les échanges commerciaux internationaux.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je notais, à l’instant, que notre organisation est astreinte à relever ses défis en vue d’être plus présente dans les cœurs des peuples de la sous région. C’est pourquoi, outre la question de la libre circulation dans l’espace CEMAC, le financement de la Communauté constituera le second sujet capital de notre rencontre.
Il vous souviendra que lors du dernier Sommet en Guinée équatoriale, nous avions pris un acte additionnel définissant le mécanisme du prélèvement de la taxe communautaire d’intégration, la TCI. A ce jour, son taux de recouvrement et de reversement reste désespérément bas, au point où il ne permet pas de couvrir les charges essentielles de fonctionnement de notre Communauté.
La sévère contrainte financière qui pèse actuellement sur les budgets nationaux doit conduire également « à mieux dépenser ». Aussi, la Commission de la CEMAC aura-t-elle à procéder à d’importantes réformes institutionnelles notamment sur le plan du nombre et de la qualité de nos organes spécialisés afin que leur coût soit au même pas que le niveau du financement interne.
La zone CEMAC aspire légitimement à l’émergence. La plupart de nos pays ont élaboré ou mettent en œuvre d’ambitieux plans de développement. Les grands programmes et projets intégrateurs constituent d’importants points d’appui à cette perspective de transformation. C’est la raison pour laquelle nous aurons également à nous pencher sur la Politique Communautaire des Transports et sur la Politique Energétique de l’Afrique Centrale et de la République Démocratique du Congo à l’horizon 2035. La concrétisation de ces initiatives intégratrices demeure, bien évidemment, subordonnée à l’alimentation du Fonds du Développement Communautaire (FODEC).
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Il y a 5 ans, la Conférence avait désigné de nouveaux Commissaires pour conduire et animer la mission essentielle de la Communauté qui est, je le rappelle, de promouvoir un développement harmonieux des États membres en parachevant le processus d’intégration économique et monétaire.
Nous les avons vus se consacrer à cette tâche avec abnégation, malgré l’errance qui les a privés de siège pendant presque toute la totalité de leur mandat. En votre nom, je tiens à leur rendre hommage pour leur engagement et les résultats qu’ils ont pu atteindre. Un moment important de la présente Session sera celui du renouvellement de l’Exécutif de la Communauté qui répond à un cycle quinquennal.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Le contexte dans lequel nous évoluons présentement nous incite à l’action et à plus d’engagement. Tous nos pays sont en proie à une rude conjoncture économique du fait des chocs exogènes que nous connaissons tous.
L’insécurité rampante qui est nourrie par les terroristes de Boko Haram met à rude épreuve tous nos efforts de développement. En évoquant les contingences qui sapent le développement de notre sous région, je ne saurais occulter la situation qui prévaut en République centrafricaine. L’accalmie observée sur le front sécuritaire au lendemain des dernières consultations électorales est en train de se dégrader à une vitesse très inquiétante. Les récents affrontements entre groupes armés sont un indice assez révélateur de la résurgence de l’insécurité et de l’instabilité dans ce pays frère.
Comme nous l’avons fait par le passé, nous devons soutenir et aider le peuple centrafricain dans l’optique d’un retour à la paix définitive et à la stabilité totale. La solidarité qui est le ferment de notre institution doit une fois de plus se manifester en faveur de la Centrafrique.
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de saluer ici la toute première visite de Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies à Bangui. Ce déplacement apporte non seulement un réconfort moral au peuple martyr de la RCA mais il traduit un éveil de conscience de la communauté internationale qui a quelque peu oublié, à un moment, son devoir de solidarité à l’endroit de ce pays. Bien évidemment, je souhaite que ce regain d’attention s’accompagne des actions concrètes allant dans le sens de la paix et de la stabilité en république centrafricaine.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, pour clore mon propos, formuler le vœu que les présentes assises renforcent notre élan communautaire, gage d’une intégration forte et durable. Tout en nous souhaitant de meilleures délibérations, je déclare ouverts les travaux du sommet extraordinaire de la CEMAC.
Vive la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale !
Vive la solidarité au sein de nos pays et de nos Peuples !
Je vous remercie.
Le 30 octobre 2017