Général, Officiers, sous-officiers, soldats, aviateurs de l’opération Barkhane,
Votre combat est exigeant. Votre combat est fait de courage, d’abnégation et de persévérance. Et cela, votre frère d’arme, le brigadier Ronan Pointeau le savait. C’est d’abord ici, au Tchad, qu’il avait fait de ce combat le sien. C’est ici qu’il s’était distingué par sa vaillance, son talent et son enthousiasme. Avec force et vigueur, il avait fait très jeune le choix de s’engager pour la France et de la défendre corps et âme. Depuis le mois d’octobre, le brigadier Ronan Pointeau servait la France au Mali, au sein de l’opération Barkhane. Il a été tué samedi dans l’accomplissement de sa mission.
Florence Parly sur le terrain@ema
Je veux aujourd’hui lui rendre hommage, et je le fais en ayant à l’esprit la devise du 1er régiment spahi de Ronan Pointeau : "faire face". Ensemble, nous devrons faire face. Nous devrons continuer le combat auquel le brigadier Ronan Pointeau a consacré sa vie, jusqu’à la donner. Le sacrifice de vos frères d’armes blessés, de ceux qui ont perdu la vie en allant au bout de leur engagement ne doit pas quitter nos esprits. Honorer leur mémoire, c’est poursuivre la mission en laquelle ils croyaient, c’est ne jamais baisser les bras, c’est l’emporter, pour la France.
Et c’est pourquoi, jour après jour, vous livrez un combat sans merci ni répit contre le terrorisme, aux côtés de nos alliés européens et aux côtés des pays du Sahel qui sont en première ligne.
La mort du brigadier Ronan Pointeau nous le rappelle, c’est un combat indispensable. C’est un combat difficile. C’est un combat que vous menez avec abnégation et un grand professionnalisme. C’est un combat dans lequel il faut faire preuve de patience. Car les attaques menées par les groupes armés terroristes perdurent. Et je veux avoir une pensée pour les militaires maliens tombés lors de l’attaque terroriste qui a touché l’armée malienne à Indelimane, près de Ménaka, vendredi dernier. Eux aussi paient lourdement le prix du sang dans ce combat.
Ces groupes armés terroristes, ce ne sont pas des groupuscules de l’ombre. Ils ont des noms. Ils ont des liens avec des organisations bien connues. Ils prêtent allégeance à Daech, se revendiquent être les enfants d’Al-Quaïda. Ils ont des méthodes aussi. Terroriser les populations, tuer les nôtres, attiser et instrumentaliser les divisions ethniques et les conflits sociaux, prospérer sur la misère, massacrer hommes, femmes et enfants. Nous connaissons le vrai visage de l’ennemi. Nous lui portons des coups sans relâche. En un an, vous avez neutralisé des dizaines de terroristes.
Nous mettrons du temps à vaincre ces groupes qui prospèrent sur les difficultés sociales et économiques des pays sahéliens. Ce long chemin, difficile et sinueux vers le retour de l’Etat de droit et la sécurité, c’est grâce à vous que nous le parcourons depuis 2014. Nous le parcourons, avec intelligence, tactique et réactivité.
Car sur cette route, Barkhane ne s’enlise pas. Barkhane s’adapte en permanence. Barkhane se transforme pour avancer plus loin, pour être plus efficace, pour mieux accompagner les forces africaines dans leurs opérations.
Depuis 2017, nous avons fait évoluer notre stratégie pour faire plus et pour faire mieux que simplement contenir l’expansion du terrorisme. Nous planifions désormais des opérations avec les forces partenaires, guidés par une seule conviction : la véritable victoire sera celle des armées sahéliennes.
Et si je suis ici à Ndjamena, centre névralgique de l’opération Barkhane, c’est parce que notre engagement au Sahel est et reste une priorité pour la France. Plus que jamais, nous devons concentrer nos efforts sur l’accompagnement des forces sahéliennes, épauler nos frères d’armes jusqu’à la résilience de leurs armées. C’est pourquoi je suis venue m’entretenir avec les présidents du Tchad, du Mali et du Burkina Faso.
Il faudra encore du temps pour construire cette résilience des forces locales, il faudra encore des efforts, de la détermination et de la constance. Mais nous sommes armés de patience et malgré les nombreuses attaques violentes, ne détournons pas les yeux des signes encourageants : la force G5 Sahel monte en puissance, comme nous l’avons vu avec l’opération Amane 2.
Le retour de l’Etat aussi, devient progressivement une réalité. Nous en voyons les premiers signes, par exemple dans le centre du Mali où Barkhane a concentré ses efforts depuis deux ans : à Gossi, un souspréfet est de retour et se consacre au renforcement du dialogue intercommunautaire et à la lutte contre la criminalité.
Ces victoires, ce sont les vôtres. Vous êtes le cœur battant de Barkhane. Vous donnez aux autres bases, aux camps retranchés, la capacité et l’énergie pour combattre.
Chaque jour, aux côtés de vos frères d’armes, vous êtes "au contact", votre présence dissuade, elle rassure, aussi. Vous vous rendez dans des villages que désormais, vous connaissez, vous survolez des terres que vous avez appris à aimer. Vous avez créé des liens avec leurs habitants et avec nos alliés.
Officiers, sous-officiers, soldats, aviateurs,
Au quotidien, par vos gestes, par votre vigilance et votre action : vous faites honneur à nos Armées, à nos valeurs, à notre drapeau. Je n’aurai donc qu’un dernier mot : merci. Merci pour votre engagement de tous les instants.
Vive la République ! Vive la France !
Florence Parly ministre des Armées de la République française
Le 4 novembre 2019 N'Djamena
Florence Parly s'est entretenue avec le président de la République Idriss Déby-Itno