Par Me Cheick Oumar Konaré
Après le tragique décès du président tchadien Idriss Déby Itno - paix à son âme-, le 20 avril 2021, son fils, le général Mahamat Kaka, chef de la garde présidentielle, a pris le pouvoir, à la tête d'un Comité militaire de Transition qui a dissout la Constitution et les institutions.
La Charte de Transition, adoptée le 21 avril 2021, prévoit la possibilité de proroger la durée de la transition au-delà des 18 mois initialement fixés. Surtout, elle ne pose aucune interdiction au nouveau maître du pays de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle.
On assiste donc à un putsch militaire qu'aucun pays n'a osé condamner, le Tchad étant, par procuration des grandes puissances, le gendarme du Sahel. Et il faut désormais considérer que le général qui a pris le pouvoir le gardera pour de bon, sauf imprévu. L'opposition l'a d'ailleurs bien compris, qui appelle le peuple à "ne pas obéir aux ordres illégaux et illégitimes du Comité militaire de Transition".
Malheureusement pour l'opposition, ce pays hyper-militarisé qu'est le Tchad n'est pas membre de la CEDEAO - qui aurait pu décréter un embargo comme au Mali-; de surcroît, les intérêts politico-militaires de la France sont si grands au Tchad que Paris ne fera rien qui gêne le nouveau pouvoir.
J'en déduis que, comme je l'ai souvent écrit, les Constitutions et lois africaines ne sont que des chiffons de papier : quiconque détient la force armée dicte sa loi, alors que la fameuse communauté internationale détourne pudiquement les yeux.
Le 25 avril 2021