Déclaration conjointe Emmanuel Macron et Al Sissi

Declaration conjointe d'Emmanuel Macron et le président de la République arabe Al Sissi 

Le 24 octobre 2017

Déclaration conjointe du président de la République Emmanuel Macron avec 

 Abdel Fattah al-Sissi, président de la République arabe d'Egypte 

Elysée – Mardi 24 octobre 2017 

 

  • Mesdames et Messieurs,
  • Monsieur le Président,
  • Mesdames, Messieurs les Ministres,
  • Mesdames, Messieurs,

 

Nous venons, avec le président Sissi, de nous entretenir longuement, accompagnés de nos ministres, et c’est pour moi un plaisir de pouvoir l’accueillir aujourd’hui à Paris pour la première fois depuis mon élection.

Votre présence ici, à Paris, à mes côtés, est le témoignage de l’amitié que vous portez à notre pays et votre programme dense, puisque vous rencontrez également plusieurs ministres français, la représentation nationale, les entreprises françaises, démontre toute l’importance que la France attache à votre visite et à la coopération très étroite qui nous lie.

La discussion que nous venons d’avoir nous a permis d’approfondir le dialogue que nous entretenons ensemble depuis plusieurs mois. Ces échanges réguliers sont l’expression du partenariat stratégique qui, dans un environnement régional complexe et troublé, unit d’une rive à l’autre de la Méditerranée l’Égypte et la France et je souhaite ici redire la détermination qui est la nôtre avec le président SISSI de porter ce partenariat encore plus haut tant par le renforcement de notre relation bilatérale que par la profondeur de notre dialogue sur toutes les crises qui ajoutent la région.

Le premier que nous avons en commun est – et vous le savez – la lutte contre le terrorisme. L’Égypte, comme la France, a été sévèrement touchée ces dernières années et je veux ici saluer l’engagement constant du président Sissi et des forces de sécurité égyptiennes face à ce fléau. La France se tient au côté de l’Egypte car la sécurité de ce pays ami, c’est aussi notre propre sécurité et je veux ici vous présenter toutes nos condoléances pour les pertes subies il y a quelques jours parce que vos forces armées, une fois encore, ont lutté contre le terrorisme islamiste et les djihadistes qui sévissaient sur votre territoire.

Ce combat, c’est celui que nous souhaitons ensemble conduire dans toute la région, tout comme celui de vous aider à le conduire sur le territoire égyptien. Nous avons longuement évoqué la situation en Libye, comme la situation en Syrie, et notre volonté est d’agir très étroitement ensemble de manière partenariale afin de lutter contre les individus et les groupes liés à Daech, Al-Qaïda ou de l’ensemble des mouvements terroristes qui opèrent dans la région afin d’éviter toute consolidation de ces derniers.

Nous sommes convenus d’agir ensemble sur ces différentes crises régionales et d’avoir une action diplomatique articulée partout pour œuvrer à la stabilité régionale, à l’intégrité des États et à l’éradication des mouvements terroristes.

Notre engagement sans faille contre le terrorisme ne doit pas se contenter d’être un engagement militaire. C’est aussi un engagement des consciences. Malgré ces immenses défis que connaît très bien la France, ce combat, s’il veut aboutir à l’établissement durable d’un climat de paix et de sécurité dans nos sociétés doit impérativement être mené dans le respect de l’État de droit et des droits de l’homme et, de cela, nous avons aussi parlé.

Dans la lutte contre le terrorisme, des institutions démocratiques et protectrices des libertés, une société civile dynamique, un réseau associatif riche, divers et porteur de projets sont autant de boucliers contre la folie meurtrière des terroristes contre lesquels nous luttons. Et je l’ai dit aussi au président SISSI, nous avons besoin plus que jamais de ces boucliers. Je sais tous les défis qui sont aujourd’hui ceux de l’Égypte pour sa sécurité et tout le travail qui est fait pour lutter contre les terroristes et un fondamentalisme violent. Et je souhaite que le président Sissi puisse conduire ce travail ambitieux à la fois de sécurité mais également de cheminement démocratique indispensable. Et là aussi, la France se tiendra présente au côté de l’Égypte.

Au-delà de la sécurité, la stabilité passe évidemment par un développement économique durable. S’agissant de ce sujet crucial, j’ai voulu assurer le président Sissi de la détermination de la France à soutenir l’ambitieux programme de réformes économiques et sociales mis en place par le gouvernement égyptien depuis plus de deux ans.

Dans ce domaine, la France prend toute sa part pour aider l’Égypte à relever les défis qui sont les siens pour l’avenir du pays. Ce soutien se matérialise très concrètement via les contributions de l’Agence française de développement qui sont mobilisées pour des projets très précis qui concernent des domaines clés définis comme prioritaires par les autorités égyptiennes, comme l’énergie ou la protection sociale.

Forte de son bilan très positif et alors que ses engagements approchent les 2 milliards d’euros en Égypte, l’agence française de développement y continuera ses activités tant au moyen de prêts que de dons. Mais notre souhait est de faire encore davantage.

Je partage avec le président SISSI le souhait de voir les échanges économiques entre nos deux pays se développer dans tous les secteurs. Pour réaliser cet objectif, nous avons défini ensemble plusieurs secteurs où la France bénéficie d’une expertise reconnue, où elle est attendue et peut apporter son concours. Je pense notamment au transport ferroviaire ou aux énergies renouvelables.

Vous allez jeudi avoir un petit-déjeuner au ministère de l’économie et des finances au côté du ministre Bruno Le Maire. Vous aurez ce soir un échange nourri avec le ministre des affaires étrangères et des représentants français engagés dans les activités à l’export et vous verrez plusieurs grandes entreprises. Je me réjouis de cela. Je pense que c’est aussi à travers ces échanges que nous pourrons continuer à faire avancer nos liens communs.

Afin de stimuler les relations économiques entre la France et l’Égypte, il a été acté qu’une mission d’entreprises françaises se rendrait en Égypte début 2018 sous l’égide du Medef. Les possibilités d’investissement dans les zones économiques du canal de Suez feront à cet égard l’objet d’une attention toute particulière et je sais combien vous tenez à ce projet.

Le canal de Suez est d’ailleurs aujourd’hui un terrain fertile en opportunités économiques de tous ordres. C’est aussi un symbole qui nous rappelle que les relations qui unissent la France et l’Égypte sont historiques et qu’elles concernent les domaines culturel, universitaire, scientifique, technique.

Nous sommes tous deux déterminés à multiplier les coopérations entre nos pays sur ces différents sujets et la signature à l’instant d’une déclaration d’intention dans le domaine culturel nous permet de lancer plusieurs projets phares. Nous sommes en effet convenus de mettre en place, à l’occasion de la célébration du 150e anniversaire de l’inauguration du canal de Suez en 2019, une série de manifestations culturelles en France et en Égypte.

La formation de notre jeunesse constitue également une question fondamentale pour l’avenir de nos pays. À ce titre, nous appelons de nos vœux un renforcement de notre coopération universitaire à travers notamment le renforcement de l’université française d’Égypte, le développement des échanges d’étudiants entre nos deux pays ou encore l’ouverture d’une maison de l’Égypte au sein de la cité internationale universitaire de Paris. Et à ce titre, je tiens à saluer la conférence pour la jeunesse que le président Sissi a décidé d’organiser en Égypte au début du mois de novembre.

J’ai dit également au président Sissi l’importance que revêtait pour moi la préservation de la francophonie que nous avons en partage. Nous sommes convenus de travailler sur des projets concrets pour faire vivre cette francophonie et, là aussi dans le cadre des initiatives que nous prendrons sur le plan bilatéral, pouvoir agir de concert.

Nous avons enfin évoqué plusieurs situations régionales comme je le mentionnais plus tôt. Sur la Libye, j’ai réitéré mon souhait au président Sissi que nous puissions accompagner la feuille de route des Nations unies et le travail accompli par Ghassan Salamé permettant la conclusion d’une transition politique inclusive et des élections organisées sur cette base, qui permettront d’avoir une stabilité dans la durée en Libye. Je crois que l’un et l’autre, nous sommes particulièrement sensibles à ce sujet. Notre volonté est d’accompagner ce processus et, dans le même temps, d’être extraordinairement vigilants sur le sujet des phénomènes migratoires dans toute la région – et c’est le cadre d’ailleurs des initiatives que nous avons pu prendre à la fin du mois d’août dernier –, ainsi que celui du terrorisme. L’Égypte et la France coopéreront de manière très étroite pour lutter contre toute forme d’implantation de mouvements terroristes dans la région dans le temps de construction de ce processus politique.

Enfin, sur la Syrie, là aussi, nous agirons de concert et notre souhait est de maintenir la stabilité, l’indépendance et une solution politique inclusive qui permette à la Syrie de retrouver la paix mais aussi, dans la durée, la forme politique qui permettra non seulement la stabilité, mais également la juste représentation de toutes les minorités. Notre souhait est de pouvoir accompagner un tel processus dans le cadre des discussions internationales qui seules permettront d’éviter la réimplantation de toute forme de terrorisme islamiste et permettra une paix durable.

Je veux à nouveau remercier le président Sissi pour sa visite à Paris qui, j’en forme le souhait, permettra d’avancer encore dans notre relation bilatérale et notre coopération régionale et qui, à travers les échanges qu’il aura, permettra pour lui aussi de mieux comprendre la France et sa volonté d’accompagner la stabilité dans la région. Je souhaite que cet échange que nous avons eu en précède de nombreux autres et une coopération étroite.

Le 24 octobre 2017